IA et Hollywood, ce qui est réel et ce qui ne l’est pas (encore)

Les intelligences créées par l’homme se retrouvent déjà dans des traditions anciennes bien avant notre ère, c’est avec la révolution industrielle qu’on voit apparaître les premiers les robots humanoïdes dans la littérature. Le cinéma s’empare du sujet très tôt avec Metropolis de Fritz Lang en 1927. La première trace d’intelligence artificielle apparaît en 1957 dans The Invisible Boy de Herman Hoffman (Le Cerveau Infernal en français). Depuis les robots intelligents sont une source infinie de fantasmes pour les scénaristes d’Hollywood.

Mais s’agit-il vraiment de pure fiction ? Qui influence qui réellement de la science ou du cinéma ?

⚠️ ATTENTION : en ce moment le monde de l’lA va très vite. A l’heure où vous lisez ces quelques lignes, la vérité aura peut-être déjà changée…

🚨 SPOILER ALERT : il est possible que pour la compréhension de cet article, nous révélions certains éléments clés des films pris en exemple*

2001, L’Odyssée de l’Espace, Stanley Kubrick (1968)

HAL 9000
L’IANom : HAL 9000
Date de création : 1992
Date de mise en œuvre : 2001
Fonctionnalités– Piloter un vaisseau spatial
– Tenir des conversations complexes
– Lire sur les lèvres
– Reconnaître les visages
– Interpréter les émotions
– Jouer aux échecs
PersonnalitéPeut souffrir de dépression nerveuse et devenir dangereux

L’IA : HAL 9000 est l’IA embarquée du vaisseau spatial Discovery One. HAL (qui signifie IBM si l’on déplace les trois lettres de +1 vers la gauche) signifie Heuristically Programmed Algorithmic. Développé en 1992, HAL est capable en plus de piloter le vaisseau spatial de manière complètement autonome, de tenir une conversation complexe avec les membres de l’équipage, de lire sur les lèvres, de reconnaître les visages, d’interpréter les émotions ou encore de jouer (et gagner) aux échecs.

En 1968, aucune IA n’est capable d’avoir un tel niveau de compréhension du langage et encore aujourd’hui aucune ne peut tenir de conversation complexe avec un être humain. HAL est doté d’une conscience et d’une capacité à décider par lui-même, ce qui le conduit à tuer l’équipage car il considère que les membres menacent la mission pour laquelle il a été configuré. La face sombre de HAL 9000 est une pure fiction dans la tête de Kubrick, et heureusement pour nous.
En revanche, certaines caractéristiques de HAL 9000 sont inspirés de la réalité ou se sont révélés exactes dans le futur comme le fait que HAL commande de manière autonome Discovery même si on est encore loin de se niveau d’autonomie sur les voitures par exemple. Le plus marquant est la capacité de HAL a joué et gagné aux échecs qui fait écho aux parties entre Deep Blue en 1999 et le champion Garry Kasparov en 1996-1997.

Fun Fact : Marvin Minsky, directeur du laboratoire d’informatique et d’intelligence artificielle du MIT (CSAIL) et l’un des chercheurs les plus influents dans ce domaine, était conseiller sur le tournage du film. Au milieu des années 1960, de nombreux informaticiens dans le domaine de l’intelligence artificielle étaient optimistes quant à l’émergence de machines dotées des mêmes capacités que HAL dans les décennies à venir. Par exemple, le pionnier de l’IA Herbert A. Simon, de l’université Carnegie Mellon, avait prédit en 1965 que « les machines seront capables, d’ici vingt ans, de faire n’importe quel travail qu’un homme peut faire » (Wikipedia).

Terminator, James Cameron (1984)

T-800 The Terminator
L’IANom : T-800 aka The Terminator
Date de création : 2027
Date de mise en œuvre : 1984
Fonctionnalités– Parler comme un humain
– Prendre des décisions autonomes
– Apprendre par soi-même
– Respirer, transpirer et saigner
– Copier les comportements humains
PersonnalitéNe peut ressentir aucune émotion

L’IA : Dans Terminator, il y a 2 IA. D’abord Skynet qui prend le contrôle en déclenchant un cataclysme nucléaire et mène la guerre contre les humains pour imposer la suprématie des machines. Skynet envoie dans le passé, en 1984, un Terminator (modèle T-800), un assassin cybernétique à l’apparence humaine, afin de tuer Sarah Connor, la mère du futur leader de la résistance l’empêchant de naître de manière rétroactive. Un scénario de la domination de la Machine sur l’Homme peu engageant qu’on retrouve aussi dans Matrix également. Mais revenons au Terminator. Conçue en 2029 (ça approche !) il est doté d’une intelligence propre, d’une apparence humaine et parle de manière fluide. Ce qu’on remarque dans le film c’est que Le Terminator qui vient du futur et analyse en permanence son environnement pour apprendre vite à s’adapter, comme lorsqu’il « emprunte » les vêtements d’un biker et sa moto. Preuve que la machine n’est pas parfaite au début du film, il n’arrive pas à identifier tout de suite la bonne Sarah Connor et tue la mauvaise. Plus tard dans les autres films de la saga, les nouvelles versions du Terminator seront plus évoluées et auront de plus en plus conscience d’elles-mêmes.

La vision dystopique de Skynet et du « soulèvement des machines » est clairement une des craintes au sujet de l’IA dans les années 80 et encore aujourd’hui. Mais cela pourrait faire l’objet d’une discussion future.
Terminator est intéressant car il incarne l’idée qu’on se fait de l’IA dans les années 80 : un robot humanoïde plus fort, plus violent, plus intelligent. A cette époque, il n’existait pas d’équivalent. Aujourd’hui la science a rejoint la fiction, on peut citer les robots de Boston Dynamics ou Sophia par exemple. Le niveau de langage limité du Terminator est cohérent, tout comme la reconnaissance d’objet largement disponible dans de nombreuses applications aujourd’hui. Finalement, la version 1 du Terminator n’est plus très loin, d’un point de vue fonctionnel et théorique seulement.

Iron Man, John Favreau (2008)

J.A.R.V.I.S.
L’IANom : J.A.R.V.I.S then replaced by F.R.I.D.A.Y
Film : Iron man (& Avengers)
Date de création : 2015
Date de mise en œuvre : 2008-2015
Fonctionnalités– Conversation (très) complexe
– Prendre une décision autonome
– Peut comprendre des concepts scientifiques et faire des recherches
– Agir comme un coéquipier
– Piloter le costume d’Iron Man
PersonnalitéSens de l’humour, maladroit

L’IA : J.A.R.V.I.S pour Just A Rather Very Intelligent System, est l’interface visuelle et vocale intégrée à l’’armure de Tony Stark/Iron Man. J.A.R.V.I.S peut tenir des discussions complexes et est à même de prendre des décisions de manière complètement autonome. Au fil des différents films de la série, JARVIS acquiert de plus en plus de responsabilité et assiste Tony Stark dans ses développements scientifiques. Il est remplacé par une IA encore plus perfectionnée F.R.I.D.A.Y pour Female Replacement Intelligent Digital Assistant Youth à partir de 2015.

J.A.R.V.I.S rappelle clairement les HUD (Head Up Display) installés dans les cockpits des avions pour afficher des informations dans le champ de vision du pilote ou encore l’automatisation de certains systèmes embarqués, ces technologies sont aujourd’hui largement diffusées Le plus intéressant chez JARVIS et FRIDAY est leur capacité à tenir un discours en langage naturel très complexe ou même faire des blagues, leur aptitude à traiter des concepts abstraites, d’être capable de prendre des décisions de manière autonome et d’agir comme un réel ailier humain. FRIDAY va encore plus loin lorsqu’elle exprime des sentiments envers Tony Start, tombe amoureuse de lui et se met en colère lorsque Tony cesse de l’utiliser
Cette humanisation poussée à son maximum reste en revanche du domaine de la fiction. En effet une IA, toute conversationnelle soit-elle, ne comprend ni les données d’entrées ni les données de sortie, donc on imagine mal un brainstorming pour entre un humain et une IA pour construire un système hyper complexe.

Conclusion

Globalement, la réalité de la technologie de l’IA dans le monde réel est beaucoup plus limitée et ciblée que ce qui peut sortir de l’esprit fertile des scénaristes d’Hollywood. Bien que l’IA soit un domaine qui évolue rapidement, elle a encore un long chemin à parcourir avant d’atteindre le niveau de sophistication et les capacités qui sont souvent dépeintes dans la science-fiction.

Mais, même s’il serait exagéré de prétendre que ces films ont une influence sur le développement scientifique actuel on peut quand même se dire que les scientifiques et les ingénieurs rêvent autant que nous devant ces films.

Il est intéressant de noter que les réalisateurs se laissent toujours guider par des noms connus (personnes et/ou institutions de recherche) afin que l’utilisation de la technologie soit non seulement belle, mais aussi réaliste. Non, la plupart des choses montrées ne sont pas encore possibles, mais elles pourraient bien l’être dans dix ans. Et c’est pour cela que ces références cinématographiques sont souvent utilisées pour situer les technologies nouvellement développées : cela explique exactement ce qui a été fait et pourquoi c’est si fantastique.

* Nous avons fait ici le choix cornélien et subjectif en sélectionnant 3 films qui représentent leur époque avec 2001 l’Odyssée de l’espace (1968), Terminator (1984) et Iron Man (2008)
Bien entendu, il y a une liste infinie de films comme Ex-Machina, Star Trek, Blade Runner, Her, Star Wars, Minority Report ou même Demolition Man qui auraient mérités d’être là.

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